Au bout d’un chantier titanesque de 10 ans, EDF a récemment inauguré sa nouvelle génération de centrale hydroélectrique dans la vallée de Romanche-Gavet, dans l’Isère. Souterraine, plus respectueuse de l’environnement tout en étant plus productive en énergie renouvelable, elle va remplacer 6 anciennes centrales en les rendant à la nature.
Romanche-Gavet : une centrale hydro-électrique nouvelle génération pour en remplacer 6 !
La vallée de Romanche-Gavet, en Isère, flirte avec les Hautes Alpes. C’est un beau défilé d’environ 10 kilomètres que la rivière emprunte, qui constituant une chute naturelle de 300 mètres. Un potentiel énergétique sans pareil qu’EDF avait su exploiter, au fil des décennies, en y installant 6 centrales hydroélectriques et 5 barrages.
Mais ça, c’était avant…
Le 9 octobre dernier, le PDG d’EDF himself, Jean-Bernard Lévy, venait inaugurer la nouvelle centrale hydroélectrique de Romanche-Gavet. Fleuron d’une nouvelle génération qui doit conjuguer une meilleure exploitation d’une énergie renouvelable avec un respect accru de son impact écologique.
Projet pharaonique de 10 ans de chantier, elle a nécessité la mobilisation de plus de 250 salariés d’EDF pour la conception et l’intervention de plus de 650 entreprises pour la réalisation. Car la centrale hydroélectrique de Romanche-Gavet devait relever le défi d’être… souterraine !
Pour cela, il a fallu creuser 9 kilomètres de galeries dans la montagne et une caverne de la taille de la nef de Notre Dame de Paris. Coût de l’opération ? 400 millions d’euros ! Mais une première qui pourrait redessiner une carte plus verte de l’exploitation des énergies renouvelables sur le territoire.
En effet, cette centrale hydroélectrique en remplace à elle seule 6 autres et 5 barrages existants qui jalonnent la vallée. Le but est clair : créer une centrale plus efficace et plus respectueuse de l’environnement, avec un seul édifice en amont et une centrale en aval.
Une nouvelle centrale pour un meilleur respect de l’environnement de la vallée de la Romanche
Ainsi, 4 des 5 barrages vont être démantelés, à l’exception d’un, classé Monument Historique.
« Ces aménagements devenaient obsolètes en termes de technologie » explique Sébastien Farge (responsable EDF Hydro Romanche). Il explique que « le fait de les remplacer par un seul aménagement a créé une optimisation de la Vallée de la Romanche. » Concluant que l’« on arrive à faire beaucoup plus d’électricité en ayant un impact visuel et naturel beaucoup moins important. »
Car les espaces ainsi libérés vont être réaménagés.
Pour compenser l’impact écologique du chantier, EDF a installé une passe à poissons. Elle assurera la continuité piscicole, permettant de cette manière aux truites de remonter la rivière.
Les berges de la Romanche, quant à elles, vont être renaturées d’ici 2024 sur plus de 10 hectares. Espèces végétales locales et prairies sèches, voies cyclables depuis Grenoble, activités touristiques et spots de pêche seront bientôt aménagés. Et il en va de même pour les 26 hectares brassés pour la construction de la centrale. Au final, ce sont plus de 57 hectares qui devraient bénéficier des mesures compensatoires en faveur de la biodiversité.
Une centrale de Romanche-Gavet plus verte et plus productive
Qui dit « nouvelle génération de centrale » dit non seulement meilleure insertion dans le patrimoine naturel, mais aussi meilleure productivité.
Ainsi, la configuration particulière de celle de Romanche-Gavet lui permettra d’optimiser la chute de l’eau et d’augmenter la production d’électricité de 40%, par rapport aux anciennes installations qui polluaient la vallée.
« Le gain de production a été rendu possible parce que nous avons exploité au maximum le dénivelé de la rivière » renchérit Daniel Pierra (chef du chantier), « nous avons installé un puits de chute de 163 mètres de haut qui achemine l’eau et lui fait gagner en force et en pression pour faire tourner les deux turbines de l’usine ». Avant de conclure que « cela s’avère beaucoup plus efficace que de tronçonner la rivières avec plusieurs barrages ».
La centrale souterraine recevra donc l’eau depuis le barrage de Livet. Elle abritera les deux turbines et les alternateurs, qui permettent de produire l’énergie. Pour restituer l’eau à la rivière, elle utilise une autre nouveauté technologique du projet : les dissipateurs d’énergie.
Composés de 4 bassins de rétention temporaire, ils permettront d’amortir le débit de l’eau afin d’éviter les très grosses variations de niveau lors de sa libération et de son retour à la nature.
Nécessitant seulement 20 personnes pour en assurer l’utilisation et la surveillance, la centrale hydro-électrique bénéficiera aussi d’une e-exploitation. Elle permettra aux ingénieurs et aux techniciens d’avoir une vision complète et en temps réel de son état.
La centrale de Romanche-Gavet devrait produire environ 560 gigawatts par an. Cela correspond à la consommation de 230 000 habitants, soit ceux de Grenoble et Chambéry réunis. Le tout à partir d’une ressource renouvelable et propre : l’eau.
Un projet révolutionnaire mais sans avenir en France
Projet révolutionnaire mais pharaonique, la centrale hydroélectrique de Romanche-Gavet est « le plus grand chantier hydraulique de France » dixit Jean-Bernard Lévy, lors de l’inauguration.
Si elle est le « symbole de la volonté d’EDF de développer cette source d’énergie », Lévy n’est en revanche pas très optimiste quant à la possibilité de reproduire un tel chantier sur le territoire français.
Très coûteux au regard de l’économie nationale actuelle, il déplore que cette énergie renouvelable ne bénéficie pas des mêmes mécanismes de soutien que l’éolien et le solaire, par exemple.
Toutefois, nul doute que c’est un savoir faire qu’EDF va s’empresser d’exporter, ayant déjà une belle centrale témoin à faire visiter.