Marcus Rashford, 22 ans et megastar du football anglais, a décidé de déclarer la guerre à la précarité alimentaire des enfants issus de familles défavorisées. Fortement investi, impliqué et exemplaire, il a créé une vague de solidarité incroyable. La preuve qu’un footballeur peut être plus qu’un millionnaire qui court derrière un ballon…
Marcus Rashford : jeune, riche, talentueux… et solidaire !
Marcus Rashford est jeune footballeur anglais de 22 ans. Il est déjà une Megastar du football mondial, sans aucun doute beaucoup plus connu aujourd’hui que son Premier Ministre, voire peut-être que Winston Churchill. Rashford joue pour le 3e club le plus riche du monde, Manchester United, où il a été formé.
L’attaquant mancunien touche un salaire mensuel de 906 000 € (hors primes et contrats pub) et coûterait entre 80 et 100 millions d’euros au club qui souhaiterait l’arracher à Manchester United.
Il est international anglais depuis 2016 (il avait alors 18 ans) et il a déjà marqué une dizaine de buts pour son équipe nationale. Il est rapide, précis, techniquement au-dessus la moyenne. Bref, c’est une star mondiale.
L’archétype parfait du jeune sportif exposé à qui tout arrive d’un coup et qui va mener une vie autocentrée, entouré d’une cour de parasites et de faux amis, une petite sacoche Vuitton sous le bras (comme les autres), passant d’une voiture de luxe à une autre.
Sauf que Marcus Rashford ne répond pas à ce cliché du joueur de football. Il se soucie des autres… et pas qu’un peu !
Un engagement qui vient de loin
Issu du quartier pauvre de Wythenshawe, à Manchester, il sait ce qu’est la faim, malgré les efforts de sa mère élevant seule ses 5 enfants. Et il ne l’a pas oubliée malgré ce qu’il est devenu.
C’est pourquoi, lorsque la pandémie a frappé durement une Grande-Bretagne où un Premier Ministre incrédule perdait du temps à être convaincu, il a compris ce qui attendait les enfants. Ceux qui ne pourraient plus manger ce qui était parfois leur seul repas de la journée à la cantine des écoles, lorsque celles-ci ont fermé leurs portes, confinement oblige.
Ainsi, profitant de sa popularité, il s’est rapidement mobilisé pour d’aider les enfants des familles les plus démunies à recevoir des bons d’achat alimentaires.
Dès les premiers jours de confinement, il avait mis en place une campagne de levée de fonds via son compte twitter, avec l’association FareShare, pour permettre aux enfants défavorisés confinés chez eux de pouvoir tout de même avoir accès à des repas gratuits.
Une 1ère vague avait rassemblé 134 000 £. Une somme qu’il avait complétée de ses deniers pour porter la somme à 400 000 £ en avril. Puis il avait réussi dans son engagement à rassembler 20 millions de livres en dons financiers et alimentaires pour permettre que 3 millions de repas soient servis à des personnes défavorisées, et ainsi prolonger pendant l’été l’aide aux enfants.
Un attaquant aussi tenace face à la précarité alimentaire que face au but
En juin 2019, le gouvernement britannique décidait de mettre fin au système de subventions scolaires permettant aux enfants les plus défavorisés de recevoir des repas gratuitement.
Le 15 juin, Marcus Rashford se fendait alors d’une tribune dans le Guardian qui touchait la Grande Bretagne au coeur.
Il y rappelait que « sans la gentillesse et la générosité de la communauté que j’avais autour de moi, il n’y aurait pas le Marcus Rashford que vous voyez aujourd’hui: un homme noir de 22 ans assez chanceux pour faire carrière en jouant à un jeu que j’aime ». Il s’y remémorait aussi cette enfance aimante grâce à sa mère qui travaillait à plein temps pour subsister aux besoins de ses enfants. En vain.
D’où les recours aux repas gratuits à l’école ou à la banque alimentaire, où le petit Marcus allait chercher son repas de Noël, tous les ans.
Dans son texte, il exhortait aussi le gouvernement britannique à prolonger le programme d’aide pendant les vacances d’été, pour « qu’aucun enfant ne s’endorme le ventre vide ».
Sous la pression de la vague de solidarité autour du footballeur, le gouvernement acceptait de prolonger la distribution gratuite de l’aide alimentaire jusqu’à la fin de l’été.
On ne gagne jamais seul… mais en équipe !
A la rentrée, et alors que l’épidémie regagnait en vigueur, Rashford reprenait la parole, sans suite cette fois-ci.
Pire encore, les députés conservateurs (au pouvoir) lui opposaient que le gouvernement « injectait déjà assez d’argent pour la protection sociale », et suspectaient même la mauvaise utilisation des bons alimentaires des foyers à d’autres fins moins nutritionnelles.
Fin de non-recevoir à laquelle la jeune star a finalement répondu en montrant à quel point elle pouvait briller pour aider son prochain.
Transformant son compte Twitter en véritable plateforme de solidarité, et après avoir lancé un énième appel encore plus vibrant du fait de la défection du gouvernement, il a provoqué un véritable raz de marée d’entraide et de coopération.
Il a ainsi incité, aimanté et organisé toutes les bonnes volontés des enseignes des supermarchés, des restaurants ou des marques qui souhaitaient se joindre à sa démarche et s’engager dans la bataille contre la précarité alimentaire des enfants.
Mieux encore, dans le même élan l’ont rejoint clubs, joueurs et supporters de football de tous coins d’Angleterre (même les pires ennemis de Manchester United !) pour lancer des cagnottes en faveur de la Banque Alimentaire. Suivis eux-mêmes par des personnalités de la musique (Coldplay par exemple) et du cinéma…
Rashford Team VS Chambre des Communes
Marcus Rashford a créé une lame de fond qui est en train de devenir une véritable vague de solidarité nationale de lutte contre la précarité alimentaire des enfants. Et aussi un souffle qui montre que, comme dans d’autres pays comme le Brésil ou les États-Unis, des personnalités suffisamment populaires peuvent fédérer pour se substituer à un état défaillant.
Une prise de conscience qui n’arrange pas les affaires d’un Boris Johnson impopulaire, déjà malmené par un Brexit insoluble et une gestion de l’épidémie très contestée. Il est par ailleurs assez cocasse de voir que, comme l’évoque le Huffington Post dans son article du 27 octobre, certains députés conservateurs ayant voté contre la motion d’aide alimentaire soutenue par le joueur, se voient aujourd’hui vertement signifier qu’ils sont persona non grata dans leurs pubs ou cafés favoris. Comme si le peuple d’Angleterre avait pris fait et cause pour son attaquant.
Entretemps, le 9 octobre, Marcus Rashford a reçu l’Ordre de l’Empire Britannique, distinction honorifique décernée par la Reine pour récompenser les actes de bravoure et de solidarité. Preuve s’il en est de l’apport décisif de l’enfant de Wythenshawe à la communauté.
Footballeur et homme de coeur, pourquoi pas ?
Et sur un plan sportif, ce jeune homme de 22 ans, qui pèse 80 millions d’euros sur le marché du football et qui se soucie des autres, a quand même eu le temps de marquer 5 buts en 10 matches depuis le début de saison. Il est talentueux, il est rapide, il est doué.
C’est le même qui est capable d’écrire : « Il ne s’agit pas de politique; il s’agit de l’humanité. Nous regarder dans le miroir et avoir l’impression que nous avons fait tout ce que nous pouvions pour protéger ceux qui ne peuvent, pour quelque raison ou circonstance que ce soit, se protéger. Mis à part les affiliations politiques, ne pouvons-nous pas tous convenir qu’aucun enfant ne devrait se coucher le ventre vide? »
Plus qu’un footballeur, donc… Un (jeune) grand homme en devenir…