Malgré deux périodes de fermeture exceptionnelle liées au confinement qui auraient pu les entraîner gentiment vers la banqueroute, les librairies françaises ne s’en sortent finalement pas si mal. Un bilan économique certes en retrait, mais loin de la catastrophe annoncée. En grande partie grâce à la mobilisation des consommateurs…
Les librairies ne boivent finalement pas la tasse en 2020
En novembre dernier, les librairies se voyaient à nouveau contraintes à la fermeture administrative pour les raisons sanitaires que l’on connaît. Considérées comme « non essentielles » (comme l’ensemble de la culture), elles devaient à nouveau baisser leurs rideaux ou se lancer dans le click’n’collect, avec la peur de voir leurs fidèles clientèles filer vers les mastodontes de la vente en ligne.
Deux mois après, et au bout d’une année-tunnel lors de laquelle les librairies françaises auront ont dû rester fermées 3 mois complets, le Syndicat de la Librairie Française vient de communiquer les chiffres de l’année. Et, s’ils ne sont forcément pas bons, ils ne sont finalement pas si mauvais.
En effet, sur l’ensemble des 368 librairies qui sont dans le giron du Syndicat, les chiffres se font l’écho d’un chiffre d’affaires de 390 millions d’euros, soit une baisse de 3,3% par rapport à 2019.
Nous voilà loin du naufrage annoncé en novembre… Mais si les librairies ont réussi à limiter la casse, elles le doivent sans doute au fait d’avoir justement tiré la sonnette d’alarme et médiatisé leur détresse.
Une mobilisation des consommateurs qui a sauvé l’année
En effet, devant le caractère désespéré de la situation, beaucoup de professionnels, mais aussi de figures culturelles voire politiques s’étaient mobilisées pour appeler à boycotter les grandes plateformes de vente en ligne, en attendant la réouverture des librairies.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces campagnes de sensibilisation ont porté leurs fruits puisque, à la lecture de l’évolution des chiffres d’affaires sur l’année, on peut clairement distinguer un retour massif et spectaculaire des clients lors des périodes de réouverture.
Ainsi, les chiffres d’affaires des mois de juin et de décembre ont atteint des +32% et +35%, symbole d’une mobilisation sans précédent pour apporter son écot à l’opération sauvetage.
Une mobilisation et une fidélité de la clientèle qui ont indéniablement sauvé l’année d’une très grande partie des librairies.
Selon les chiffres annoncés, ce sont même les petites librairies qui ont le plus profité de cette mobilisation. Ainsi, les librairies dont le chiffre d’affaires est inférieur à 600 000 € s’en sortent mieux sorties que les plus grosses, avec des évolutions impressionnantes de +7,5% à +15%. Une prime à la proximité et à l’authenticité sans doute.
Des chiffres à relativiser
Même s’il est normal de prendre ces chiffres avec enthousiasme et satisfaction, il convient toutefois de mesurer notre élan et d’attendre que les chiffres totaux du secteur soient publiés.
En fait, toutes les librairies ne sont pas intégrées au Syndicat de la Librairie. Ces résultats ne sont donc, pour l’instant, que parcellaires de l’ensemble de l’activité de la profession.
Néanmoins, si leur tendance peut laisser espérer un début d’année plus serein et rassurant pour ces commerces « non essentiels » mais que les Français portent visiblement toujours dans leurs coeurs.