Massive Attack, le mythique groupe de trip-hop de Bristol, toujours très engagé dans les questions environnementales, vient d’interpeller le gouvernement de Boris Johnson pour qu’il vienne en aide à l’Industrie Musicale. L’objectif ? Aider les artistes à rendre leurs tournées et leurs concerts plus « verts ».
Massive Attack, premier de cordée pour réduire l’empreinte carbone des concerts
Comment ça vous ne connaissez pas Massive Attack ? Mais si, forcément ! Vous avez sans doute déjà entendu ça :
Arrivé comme un coup de tonnerre en 1991 avec son premier album, Blue Lines, Massive Attack venait de donner officiellement naissance au trip-hop dans sa ville natale de Bristol, en Angleterre.
Cinq albums plus tard, des bandes originales de films, des clips iconiques et une évolution vers une musique plus électro-expérimentale, la bande à géométrie variable de Robert Del Naja, Grant Marshall et Andrew Vowles s’est taillée une place de choix dans l’histoire de la musique urbaine. Sans compter les relations étroites de certains de ses membres avec l’art urbain (on a longtemps soupçonné Del Naja d’être l’énigmatique Banksy !)…
Mais ce que Massive Attack n’a jamais su faire, c’est de se tenir sa langue et de devenir un parfait complice du système, comme certains de ses confrères. Aussi, depuis sa création, le groupe a toujours profité de ses tournées et de ses concerts pour s’engager politiquement. Et plus encore sur les questions environnementales.
Ainsi, alors que sont de plus en plus pointés du doigt les impacts désastreux de certains événements (comme l’Euro de football, par exemple) sur l’environnement, Massive Attack s’est emparé depuis 2 ans de la question de la propre empreinte carbone de ses concerts pour la réduire considérablement.
Massive Attack souhaite rendre ses concerts plus verts…
En conséquence, à la fin de l’année 2019, le groupe annonçait mettre ses concerts en suspens, le temps de mener une enquête sur l’impact carbone de ses tournées sur l’environnement. Par la voix de Robert Del Naja, il annonçait que « arrivé à la conclusion que notre industrie ne pouvait pas, ou ne voulait pas, avancer suffisamment vite vers sa décarbonisation », Massive Attack avait décidé « d’initier ce changement de son côté pour montrer que c’était possible ».
Si une première démarche avait dû être ajournée à cause de l’épidémie de COVID-19 et des confinements successifs, le groupe a commandé un rapport sur les émissions de carbone de l’industrie musicale à l’Université de Manchester.
Ce dernier a évidemment ciblé en premier lieu les transports humains et matériels, mais aussi les effets pyrotechniques des concerts. Les auteurs du rapport ont ainsi recommandé aux rock stars de « prendre leurs responsabilités en abandonnant leurs jets privés et en réduisant la quantité de matériel qu’elles emmènent en tournée ».
Si les membres du groupe sont attentifs à compenser leurs émissions carbone depuis des années, ils ont encore donné un tour de vis à leurs pratiques depuis la lecture du rapport. C’est pourquoi ils voyageront désormais automatiquement « en train lorsque c’est possible », concevront « des scènes plus facilement transportables », « feront systématiquement appel à des fournisseurs locaux » et « encourageront l’utilisation d’énergies vertes ».
… mais ne veut pas le faire seul !
Mais, conscience politique aidant, les membres de Massive Attack ne veulent pas faire leur campagne RSE dans leur coin. De même, s’ils ne rejettent pas leur rôle de premier de cordée en la matière, ils ne veulent pas agir seuls. Et, surtout, ils ne veulent pas endosser seuls la responsabilité de cette action, derrière laquelle les entreprises qui font leur beurre sur les énergies fossiles vont se défausser.
Comme le clamait Del Naja au Guardian, « l’industrie de la musique live est si importante pour l’identité et l’amour-propre nationaux, plus encore depuis le Brexit » qu’elle ne peut pas agir seule. Générant plus de 5,4 milliards d’euros chaque année et employant des milliers de personnes, elle mérite selon le groupe d’être protégée et accompagnée dans cette démarche responsable par une action politique et gouvernementale.
Et Massive Attack d’interpeler directement Boris Johnson, Premier ministre britannique (et co-moteur du Brexit), sur l’absence de plan gouvernemental pour aider cette industrie. Véritable joyau de la couronne culturelle du pays, mais qui n’a pas aujourd’hui les moyens de respecter les termes de l’accord de Paris sur le climat.
La balle est dans le camp de Boris Johnson. Massive Attack ne le lâchera pas…