En Autriche, Sukhdeep Singh, un ex-réfugié indien, a racheté et réhabilite le foyer qui l’avait accueilli à son arrivée en 2003. Son but ? Le sauver des promoteurs et laisser au bâtiment sa fonction première : offrir une nouvelle chance à ceux qui ont tout perdu.
En Autriche, un ex-réfugié sauve son foyer par reconnaissance
C’est une très belle histoire qui nous vient d’Autriche, et plus précisément du sud de Vienne, où un vaste chantier redonne vie à ce qui fut un ancien foyer d’accueil pour réfugiés.
Ce dernier, qui devait être livré en pâture aux promoteurs immobiliers, a finalement été racheté par Sukhdeep Singh, l’un de ses anciens pensionnaires.
En 2003, Sukhdeep Singh arrive seul en Autriche après un périple à travers le Punjab, la Russie et l’Europe Centrale. Il se retrouve devant ce foyer d’accueil qui ne paie pas de mine, perdu dans une zone industrielle, mais où il vivra pendant 6 ans dans une petite pièce qui sera son « Home Sweet Home ».
Un nouveau départ
Un foyer qui accueille une cinquantaine de mineurs esseulés, en provenance d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie. Car outre le gîte, il permet aussi à Sukhdeep Singh de rencontrer des gens, de se construire une vie sociale et d’apprendre la culture et la langue locales. C’est aussi dans ce foyer qu’il va rencontrer des travailleurs sociaux, des enseignants et des psychologues qui vont l’aider à se construire une nouvelle vie.
C’est enfin dans ce foyer qu’il fera une rencontre décisive, celle d’Otto Tausig, un acteur et écrivain juif rescapé des Nazis et qui avait racheté le bâtiment dans les années 90. Il en avait fait ensuite don à un ONG dans le but d’accueillir et d’intégrer des jeunes exilés, comme lui.
C’est Otto Tausig qui parrainera les études de Sukhdeep Singh.
Aujourd’hui trentenaire, Sukhdeep Singh est chef de projet au sein du groupe Siemens et père de 3 enfants, et il a choisi de racheter son ancien foyer pour en garder l’esprit et la fonction.
Comme il le confiait à l’AFP, « je ne voulais pas qu’il soit repris par une personne sans aucun lien avec la maison et son histoire ».
Réhabiliter les lieux pour perpétuer son esprit
Sukhdeep Singh a donc racheté le bâtiment pour rénover les 16 appartements.
Dans un premier temps, il en louera 12 au prix du marché pour rembourser son crédit. Mais il conservera 4 appartements qu’il mettra très vite à disposition de réfugiés qui n’auront pas de loyer à payer.
Conscient que les conditions d’accueil en Autriche se sont durcies depuis l’époque de son arrivée, il s’est donc fait un devoir de se lancer dans ce projet exemplaire. Et ce sont sa reconnaissance et sa solidarité qui auront nourri son engagement. La reconnaissance de ce qu’on lui a offert à son arrivée, et sa solidarité avec celles et ceux qui marchent sur ses traces, il y a 18 ans.
Mais c’est aussi une manière de perpétuer l’esprit de son mentor Otto Tausig, décédé en 2011, qui lui avait ouvert en grand les portes de sa nouvelle vie.
Comme le clame ce héros trop discret qu’est Sukhdeep Singh, « quand on cherche un modèle, il ne faut pas se tourner vers les grandes fortunes, mieux vaut prendre exemple sur les gens qui ont bon coeur ».
Source : AFP