En 2005, le juge Bruce Morrow donne une seconde chance à Edward Martell, un délinquant au casier long comme le bras, l’enjoignant à ne se représenter devant la cour que pour lui montrer sa réussite prochaine. 16 ans plus tard, Morrow assermente personnellement Martell comme avocat de la cour.
Quand une seconde chance donne à un délinquant notoire la possibilité de changer de vie
C’est avec une belle histoire que nous commencerons la semaine. Un scénario digne d’un film hollywoodien, relayée par le Washington Post, et dont le happy end est tellement inspirant qu’on pourrait même mettre son réalisme en doute.
L’histoire du juge Bruce Morrow et d’Edward Martell est pourtant des plus réelles, et elle démontre qu’il est encore possible d’avoir foi en l’être humain, même si celle-ci est sans cesse ébranlée par les temps que nous traversons.
Petit flashback. Nous sommes en 2005 et Bruce Morrow, juge dans le comté de Wayne (près de Detroit), siège dans sa salle d’audience habituelle. Devant lui comparaît Edward Martell, jeune latino de 27 ans au casier judiciaire long comme le bras. Ce jour-là, il risque 20 ans de prison pour fabrication et trafic de drogue.
Mais plutôt que d’envoyer Martell derrière les barreaux, ne voyant en lui qu’un « criminel à la carrière toute tracée » ayant épuisé toutes les chances que la vie pouvait lui offrir, le juge Morrow s’est contenté de le soumettre à une probation de 3 ans… et de lui lancer un défi. Celui de ne reparaître devant lui, dans ce tribunal, que pour confirmer sa réinsertion et sa réussite professionnelle, en tant que chef d’entreprise ou autre…
Retour au présent. 16 ans plus tard, le 14 mai 2021, Edward Martell s’est présenté devant le juge Bruce Morrow, pour que ce dernier l’assermente officiellement comme avocat de la cour du Michigan.
Un parcours semé d’embûches qui débouche sur happy end
Plutôt que de ne voir en lui qu’une cause perdue, le juge Morrow a vu en Martell un jeune garçon perdu, en âge d’être son fils, et qui n’avait pas eu jusque là la chance d’être guidé. Décelant en lui un jeune homme intelligent, sans doute brillant, qui avait toujours rebondi après tant de galères.
Comme il l’a confié lors de l’assermentation de Martell, ce défi avait été lancé « un peu en plaisantant », mais il avait vu que le jeune délinquant avait saisi le message qu’il lui avait lancé : « tu peux devenir qui tu veux ».
Ainsi, lui-même surpris par cette seconde chance offerte, encouragé par la foi en lui de Morrow et galvanisé par le défi, Martell a décidé de changer de vie. Même si tout ne fut pas si simple…
Car on ne se débarrasse pas si facilement de son entourage et de ses mauvaises habitudes. Mais s’il a violé sa probation et finit de purger sa peine de 3 ans, il gardait en lui cette graine d’espoir planté par Morrow.
En 2008, il a décidé de s’inscrire au collège communautaire, où l’on lui a toutefois refusé de s’inscrire en droit. Eu égard à son pedigree. Après avoir obtenu son diplôme de chauffagiste, il a fini par obtenir une bourse pour s’inscrire en droit à l’Université de Detroit Mercy.
Après plusieurs stages et son diplôme de droit en poche, Martell intègre le Perkins Law Group de Detroit comme chercheur juridique, impressionnant ses employeurs par sa débrouillardise, donnant toujours l’impression qu’il n’y a « rien qu’il ne puisse pas faire ».
Devenir avocat, la consécration
Mais même auréolé de ses diplômes universitaires et de ses indéniables qualités professionnelles, encore faut-il aller au bout du processus de candidature au poste d’avocat. Plus encore dans un État particulièrement strict en matière d’éthique et d’exemplarité comme le Michigan.
Toutefois, malgré son passé de criminel, et fort de l’appui de Morrow et des avocats du Perkins Law Group, il aura suffi de 15 minutes de délibération pour qu’il obtienne l’approbation de devenir officiellement avocat.
Ce 14 mai, maître Edward Martell aura donc rempli avec succès le défi lancé 16 ans plus tôt par le juge Morrow. Celui-là même qui l’assermentera comme avocat de l’État du Michigan.
Une très belle histoire qui démontre que tout homme n’est pas forcément bon à jeter à cause de son passé, et que la rédemption et la résilience peuvent parfois n’être initiées que par une main tendue, un peu de foi, beaucoup de remise en question et d’envie de devenir qui l’on veut.
Une seconde chance qui peut rendre un homme meilleur… et lui offrir un avenir radieux.