A la surprise générale, le président chinois Xi Jinping a annoncé à la tribune de l’ONU que la Chine s’engageait à la neutralité carbone d’ici 2060 ! Un coup de fouet inespérée à l’Accord de Paris et un camouflet pour Trump et les États-Unis qui se retrouvent bien seuls sur la question…
Une bonne nouvelle qui redonne des couleurs à l’Accord de Paris sur le climat
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le président Xi Jinping a créé la sensation.
Lors de l’Assemblée Générale de l’ONU (réalisée en distanciel à cause de la pandémie), il a annoncé que « [La Chine] avait comme objectif de commencer à faire baisser les émissions de CO2 avant 2030, avant d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. »
Dans la foulée, il a confirmé que son pays allait développer les engagements climatiques en respect de l’Accord de Paris.
Xi Jinping a même terminé en appelant à ce que « Tous les pays doivent prendre des mesure décisives pour honorer cet accord ».
Un beau tacle bien appuyé à son homologue américain qui va maintenant se sentir bien seul au fond de la classe, alors que son pays est le deuxième plus gros pollueur de la planète…
En même temps, et si les États-Unis peuvent se prévaloir d’avoir diminué leurs émissions de CO2 l’année dernière, Trump s’est tout de même ingénié à abattre un certain nombre de mesures du plan climatique de son prédécesseur. L’adhésion américaine à l’Accord de Paris sur le climat en était une, qu’il a annulée et dont il a annoncé le retrait.
Une déclaration dans la continuité d’une politique volontariste
Cette déclaration chinoise, émanant du plus gros pollueur de la planète, redonne indéniablement un coup de fouet à l’Accord de Paris, quelque peu ébranlé depuis l’annonce par Trump du prochain retrait des États-Unis.
Même si la Chine montrait depuis de nombreuses années un réel volontarisme dans le combat contre le réchauffement climatique, en grande partie grâce au développement croissant et efficace des énergies renouvelables, cet engagement daté est forcément marquant et inspirant. Jamais jusqu’à maintenant le pays le plus peuplé au monde ne s’était fixé d’objectif précis pour atteindre la neutralité carbone.
Rappelons que la Chine était déjà bien partie pour réussir à réduire ses émissions carbone avant 2030 (année du fameux « pic » climatique), menant depuis plusieurs années une vaste campagne d’économie d’énergie et développant à marche forcée les énergies non fossiles.
Une date butoir moins ambitieuse mais plus réaliste
Si cet objectif de neutralité carbone pour 2060 est moins ambitieux que celui de plusieurs pays plus ou moins grands (dont les Européens) qui l’ont fixé à 2050, son réalisme tend à prêter foi à cet engagement.
Mais si tous les experts se félicitent de ce positionnement historique, beaucoup montent toutefois au créneau pour appeler la Chine à être cohérente et à cesser la construction de centrales à charbon. De même, ils l’appellent à l’abandon de nombreuses centrales à énergies fossiles relativement modernes.
Si Helen Mountford, vice-présidente du World Resources Institute, appelle la Chine « à fixer des objectifs spécifiques à court terme, ainsi qu’une date butoir plus rapprochée », elle consent toutefois que « la voie prise par la Chine pour un avenir à zéro carbone se précise ». Enfin, elle admet que « cette annonce enverra des ondes de choc positives dans les cercles diplomatiques et devrait susciter une plus grande ambition climatique de la part d’autres grands émetteurs. »
Suivez mon regard…
La Chine met la pression sur les États-Unis
Xi Jinping met donc la pression sur son meilleur ennemi, Donald Trump, qui s’était empressé de détricoter l’accord signé par Barack Obama, l’accusant d’être trop contraignant pour l’économie américaine.
En juin 2017, il avait ainsi annoncé avec fracas retirer les États-Unis de l’Accord de Paris. Une position vivement critiquée dans son pays, et qui avait donné lieu à un grand nombre d’initiatives de maires, de gouverneurs, d’entrepreneurs voire de nababs américains.
Mais ce retrait ne pourrait être effectif qu’après les élections présidentielles de novembre 2020… qui abritent donc un enjeu planétaire considérable ! Son opposant démocrate Joe Biden ayant d’ores et déjà annoncé qu’une fois élu, il s’empresserait de réintégrer l’Accord de Paris !
Cette annonce finit donc d’isoler Trump sur l’échiquier diplomatique international, tout en replaçant la Chine comme leader vertueux et proactif de la cause.
Le bon point climatique ira donc à Xin Jinping dans cette guerre froide 2.0 que se livrent les deux méga-puissances mondiales. Et ce n’est pas la récente déclaration de Trump, assurant que « tout finira bien par refroidir », qui le remettra au centre de cet échiquier-là ! Mais il y en a tellement d’autres qui lui importent plus…
Un contexte qui tend à l’urgence
Enfin, il ne faut pas oublier que le prochain cycle de relèvements est jugé crucial par les climatologues pour infléchir réellement la courbe mondiale des émissions de carbone et limiter le réchauffement de la planète.
Il est vital de réduire à zéro les émissions de carbone dans l’atmosphère d’ici 2050 pour limiter à 1,5° C le réchauffement de la planète par rapport à la fin du 19e siècle.
Maintenant que la Chine a donné un nouvel élan, qu’elle maintienne son allure et qu’elle nous y entraîne tous pour remplir ces objectifs.