La NASA, célébrissime agence spatiale américaine, vient de faire un geste ô combien important et symbolique en rebaptisant son siège social au nom de Mary W. Jackson, sa première ingénieure afro-américaine. Elle faisait partie des « Hidden Figures », ces scientifiques et personnels noirs qui ont apporté un écot décisif dans la conquête spatiale américaine.
La NASA célèbre Mary W. Jackson, pionnière de la diversité dans l’agence spatiale
En dévoilant le nouveau nom de son siège social à Washington (États-Unis), vendredi dernier, l’administrateur de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) Steve Jurczyk a achevé de faire passer à jamais un nom de l’ombre à la lumière. Celui de Mary W. Jackson, première femme ingénieure noire de l’agence, à une époque où la ségrégation faisait rage et où les plus hauts postes étaient inaccessibles aux femmes.
Ainsi, en célébrant Mary W. Jackson, la NASA fait un grand pas dans la reconnaissance des personnels afro-américains qui n’avaient jamais eu la chance d’être ainsi exposés, malgré leur rôle décisif dans la conquête spatial et la prouesse d’envoyer des hommes dans l’espace. Ceux que le livre de Margot Lee Shetterly puis le film de Theodor Melfi, en 2016, appelait les « Figures de l’ombre » (« Hidden Figures »).
Mais, avec le Mary W. Jackson Headquarters Building, la NASA consacre aussi une femme au parcours incroyable, à une époque où rien de ce qu’elle a vécu n’aurait du/pu arriver.
Mary W. Jackson, le destin hors-norme d’une pionnière
Avant d’être pionnière de l’espace pour la NASA, Mary W. Jackson a tout d’abord été précurseur dans la société américaine de l’époque. Dans cet après-guerre des années 40/50 où les droits civiques n’étaient encore qu’une utopie.
Comme la présentait en juin 2020 l’administrateur d’alors, Jim Bridenstine, « Mary W. Jackson faisait partie d’un groupe de femmes très importantes qui ont aidé la NASA à réussir à amener des astronautes dans l’espace ». Avant de concéder qu’elle « n’a jamais accepté le statu quo, elle a aidé à briser les barrières et à ouvrir des opportunités pour les Afro-américains et les femmes dans le domaine de l’ingénierie et de la technologie ».
Obtenant brillamment un double diplôme en mathématiques et en sciences physiques en 1942, elle accepte tout d’abord un emploi de professeur de mathématiques dans le Maryland. Puis elle devient comptable avant d’être embauchée comme secrétaire de l’armée américaine.
Recrutée en 1951 par le Comité consultation Nationale de l’Aéronautique (ancêtre de la NASA), elle intègre finalement la nouvelle agence en 1958 comme mathématicienne de recherche dans l’unité de calcul où elle rencontre Dorothy Vaughan, une autre « Hidden Figure ».
Une « figure de l’ombre » dans la lumière
Après avoir intégré le gotha de la recherche en travaillant dans le tunnel à pression supersonique, elle acquiert une expérience telle que son superviseur la pousse à s’inscrire à un programme de formation pour devenir ingénieur.
Impensable à l’époque. Ce qu’elle devient pourtant en 1958, après reçu l’autorisation spéciale de rejoindre ses pairs blancs pour suivre les cours.
Spécialiste du comportement de la couche limite de l’air autour des avions, elle a publié de nombreux rapports de recherche pendant ses deux décennies au service de la NASA. En 1979, elle a participé au programme fédéral pour l’intégration des femmes à la prochaine génération de mathématiciens, d’ingénieurs et de scientifiques, avant de prendre sa retraite en 1985.
Décédée en 2005, elle recevait à titre posthume la médaille d’or du Congrès par le président Trump en 2019. Le plus grand honneur aux États-Unis pour célébrer l’exceptionnel parcours de l’un de ses plus grands héros de l’ombre. Aujourd’hui dans la lumière.
La NASA marque son engagement pour la diversité
En honorant ainsi Mary W. Jackson, la NASA en profite aussi pour marquer, dans des temps relativement troubles aux États-Unis, son engagement en faveur de la diversité.
Aussi, comme le confiait Jim Bridestine en juin, « les installations de la NASA à travers le pays portent le nom de personnes qui ont consacré leur vie à repousser les frontières de l’industrie aérospatiale. La nation commence à se réveiller au plus grand besoin d’honorer toute la diversité des personnes qui ont contribué à la création de notre grande nation. Au fil des ans, la NASA s’est efforcée d’honorer le travail de ces personnes cachées de diverses manières… ».
Avant de conclure que « nous savons que de nombreuses autres personnes de couleur et d’horizons divers ont contribué à notre succès, c’est pourquoi […] la NASA se consacre à l’avancement de la diversité et nous continuerons de prendre des mesures pour le faire ».
Enfin, si vous souhaitez en savoir plus sur Mary W. Jackson et sur les autres « Hidden Figures », nous ne saurions trop vous conseiller le livre « Les figures de l’ombre » de Margot Lee Shetterly . Ou encore l’excellent film éponyme de Theodore Melfi qui en a été tiré avec la comédienne Janelle Monáe dans le rôle de Mary W. Jackson.
Source : NASA