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Le gaspillage alimentaire, enjeu majeur de notre temps

par Bluebob
Le gaspillage alimentaire, enjeu majeur de notre temps

Dans un monde où 1 personne sur 6 souffre de malnutrition, le gaspillage alimentaire est l’un des fléaux majeurs de notre temps, mais aussi l’un de nos plus grands enjeux. De par son impact social, environnemental ou économique, il est au coeur de bon nombre des problèmes de notre époque. Nous vous proposons un petit tour d’horizon des fronts, si peu exhaustif, pour vous montrer que le combat a commencé et que, chacun à son niveau, y a un rôle à tenir.

Le gaspillage alimentaire, un enjeu par tous et pour tous

Vendredi 16 octobre, c’était la journée mondiale contre le gaspillage alimentaire.

L’un des plus grands fléaux de notre époque car, par-delà la notion de gaspillage, il impacte aussi bien la société, l’économie que l’environnement. De fait, il est l’un des combats majeurs de notre temps, sachant que tout un chacun, par un changement de comportement de producteur ou de consommateur, pourrait apporter son écot à l’effort collectif sans que cela bouleverse sa vie. Sinon en bien…

Selon la définition retenue par le Pacte National « anti-gaspi » de 2013, le gaspillage alimentaire renvoie à « toute nourriture destinée à la consommation humaine qui, à une étape de la chaîne alimentaire, est perdue, jetée ou dégradée ». A ne pas confondre avec la notion de « déchets alimentaires » qui met dans le même sac le gaspillage alimentaire, évitable, avec les déchets inévitables tels que les coquilles d’oeufs, les oeufs ou les pelures de fruits.

Dans un monde où 1 personne sur 6 souffre de malnutrition, et selon une étude de l’Agence de la Transition Écologique (ADEME), le gaspillage alimentaire pèse 30 kg par personne et par an, dont 23% de produits jetés alord qu’ils sont encore dans leurs emballages. En France, c’est 10 millions de tonnes de denrées alimentaires annuelles qui seraient jetées à la poubelle sans être consommées. De même, gaspiller coûterait une centaine d’euros par personne et par an.

Le consommateur, pas le seul coupable du gaspillage

Toujours selon l’étude de l’ADEME, la répartition du gaspillage alimentaire est la suivante :

  • 32% en phase de production (surproduction, critères de calibrages)
  • 21% en phase de transformation (rupture de la chaîne du froid)
  • 14% en phase de distribution (mauvaise gestion des stocks, inadéquation entre l’offre et la demande)
  • 33% en phase de consommation

Même si l’on essaie parfois de culpabiliser le consommateur sur sa pratique, 67% du gaspillage alimentaire se fait avant que les produits arrivent chez lui.

Mais il jetterait surtout les légumes (31%), les liquides (24%), les fruits (19%) et les produits secs (12%) comme le riz, les pâtes ou les céréales.

Même s’il y a donc encore énormément de travail à faire sur les 33% de gaspillage liés à la consommation, il y a aussi sans aucun doute des actions à mener pour réduire le gaspillage en phases de production et de transformation.

L’impact environnemental étourdissant du gaspillage alimentaire

Le gaspillage alimentaire représente 8% des gaz à effet de serre dans le monde. S’il était un pays, il serait le 3e plus gros producteur de gaz à effet de serre derrière la Chine et les États-Unis.

Mais gaspiller des aliments, c’est aussi accaparer des terres agricoles (ainsi 28% des terres agricoles mondiales servent à produire des produits qui finissent à la poubelle !) et puiser dramatiquement dans les ressources en eau (250 km3 d’eau, soit 3 fois le volume du Lac Léman). Enfin, le gaspillage alimentaire c’est aussi consommer de l’énergie : tout au long de la chaîne alimentaire, de l’énergie est utilisée pour produire des aliments qui vont finir à la poubelle (production, transports, usines de traitement des déchets, etc.).

Faut-il encore d’autres preuves pour que l’on prenne conscience de l’importance de lutter contre ce fléau, véritable maladie de riches, sachant que les changements les plus infimes dans nos manières de vivre et de consommer pourraient avoir un impact déterminant. L’histoire du colibri, vous connaissez ?

Nous vous proposons de revenir sur des initiatives qui visent à combattre l’un des plus gros maux de notre époque, et à ainsi changer les choses.

A Nantes, une pâtisserie anti-gaspi recycle les fruits invendus de Carrefour

A la mi-octobre, une pâtisserie temporaire au concept carrément nouveau a ouvert ses portes à Nantes. Et elle pourrait s’avérer révolutionnaire !

L’Atelier anti-gaspi & solidaire est en effet une pâtisserie située dans la galerie Beaulieu, juste en face de Carrefour avec qui elle s’est associé pour recycler ses invendus alimentaires.

Le gaspillage alimentaire, enjeu majeur de notre temps

Pains, fruits et légumes invendus deviennent ainsi de la matière première pour confectionner d’appétissantes pâtisseries et viennoiseries dont la qualité est sans appel. Muffins, tartelettes, crumbles, autant de petits délices issus du recyclage alimentaire.

Comme l’expliquait Katia Tardy, responsable marketing et commercial de l’Atelier, à Clara Le Nagard de 20 Minutes : « Tous les matins on va chercher les invendus de pain, de fruits, et de légumes de l’hypermarché. En arrière-boutique, les filles s’activent pour faire le tri entre ce qui est trop abîmé et ce qui peut être sauvé. Après on transforme tout ça en pâtisserie ».

De plus, le pourcentage de produits invendus recyclés varie de « 30% à 100% » selon les catégories, « les smoothies, par exemple, sont fait à 100% avec des fruits moches » renchérit Katia Tardy. L’Atelier défend aussi une posture pédagogique en confectionnant certains produits devant le public, comme les smoothies ou les gaufres, afin de montrer qu’un fruit à l’aspect peu flatteur peut être utilisé pour faire de bonnes choses.

L’Association Upcycled Food Association coordonne les entreprises proactives dans le recyclage alimentaire

La Upcycled Food Association (UFA) est un organisme international à but non lucratif axé sur la réduction du gaspillage alimentaire en développant l’économie alimentaire recyclée.

Créée en 2019 par des entreprises alimentaires, l’association est en train de construire un système alimentaire dans lequel tous les aliments sont élevés à leur utilisation maximale et optimale.

Forte de plus de 100 entreprises internationales adhérentes, elle coordonne et promeut leurs activités novatrices dans le domaine du recyclage alimentaire.

Aqua Botanical, par exemple, est une société australienne qui prélève de l’eau sous-produite lors de la production de jus de fruits, l’extrait, la filtre et la minéralise pour créer de l’eau potable.

Le gaspillage alimentaire

De même, les Américains de Matriark Foods récupèrent les produits excédentaires des fermes et les transforme en bases de soupe et de sauce, tout en fournissant en produits durables les écoles, les hôpitaux et les banques alimentaires.

Les exemples sont légions, comme Doux Bénin qui sauve et recycle les pommes de cajou non transformées pour en faire du jus de pomme de cajou et ainsi aider les agriculteurs à compléter leurs revenus. Ou comme la société canadienne Wize qui utilise les feuilles de café arabica, souvent jetées, pour en faire du thé de qualité.

Autant de projets qui montrent que l’on jette des trésors alimentaires qui, avec un peu d’imagination, de recherche et de développement, passent de l’état de rebus à celui de matière première.

Un député français n’en démord pas dans sa lutte contre le gaspillage alimentaire

Du côté des distributeurs et des consommateurs, certains ont décidé de s’attaquer à la fois au gaspillage mais aussi à l’information publique.

C’est le cas du député de la Mayenne Guillaume Garot. Déjà auteur d’une loi en 2016, il va soumettre une nouvelle proposition de loi à l’Assemblée Nationale. Celle-ci proposera de renforcer l’éducation alimentaire et d’instaurer la prime à l’assiette vide dans les cantines. Mais Guillaume Garot souhaiterait également plus de contrôles sur la qualité des invendus cédés aux associations et aux banques alimentaires.

Très investi dans l’approche pédagogique de la lutte contre le gaspillage alimentaire, il souhaite aussi apporter à l’école une « véritable éducation à l’alimentation », en voulant la rendre obligatoire et non plus facultative dans les classes.

De même, sa « prime à l’assiette » dans les restos universitaires tendra à vouloir influer sur les comportements et à les rendre plus respectueux vis à vis de la nourriture. Un plateau vide rapporté pourrait valoir un prochain repas gratuit à l’étudiant vertueux.

Enfin, il souhaiterait faire apparaître dans cette nouvelle loi une révision des dates de péremption concernant les produits secs et non périssables. Pourquoi mettre une date limite d’utilisation à un produit qui, bien stocké, ne peut pas se gâter ? Il aimerait donc remplacer celle-ci par une date de fabrication, toujours dans un souci d’information.

Mais ces notions de « DLC » (Date Limite de Consommation) sont également dans le collimateur de certains producteurs de produits frais. Ces derniers aimeraient sensibiliser leurs consommateurs à ces notions et éviter ainsi une confusion sur laquelle la grande distribution joue souvent.

Un producteur breton de beurre veut sensibiliser ses consommateurs aux DLC / DDM

Aussi faut-il être en mesure de bien décrypter les dates stipulées sur les produits alimentaires.

Comme l’indique Rose Boursier-Wyler, chargée des affaires publiques au sein de l’appli danoise anti-gaspi Too Good To Go, « la Date Limite de Consommation (DLC) s’écrit « à consommer jusqu’au » sur vos produits. Après cette date, vos produits peuvent présenter un risque pour la santé. La Date de Durabilité Minimale (DDM), qui s’écrit « à consommer de préférence avant », est une date indicative : après, le produit peut perdre en qualité, mais il reste consommable et bon pour la santé.”

L’objectif de Too Good To Go est de réduire le gaspillage alimentaire à un niveau international. Pour cela, elle initie, entre autres, une campagne de sensibilisation sur les dates limites de consommation.

C’est dans cet objectif que Paysan Breton, producteur de lait, de fromage et de beurre bien connu des grandes surfaces françaises, a décidé de signer le Pacte Too Good To Go. Dans la foulée, il a d’ailleurs lancé une vaste campagne d’information auprès de ses consommateurs pour les sensibiliser aux « petits trucs » qui leur permettront d’éviter le gaspillage… et bien de apprendre à distinguer DLC et DDM !

Une confusion que la grande distribution entretient parfois pour raccourcir les fréquences d’achat…

Une jeune étudiante en médecine espagnole invente une machine pour conserver les aliments plus longtemps

Enfin, et toujours côté consommateur, une initiative à première vue improbable pourrait également révolutionner le temps de conservation des aliments.

C’est celle de Maitane Alonso, jeune étudiante de médecine, qui a inventé une machine innovante de conservation des aliments pour combattre la gaspillage alimentaire.

Après la Bretagne nous voici au Pays-Basque…

Tout part en fait d’un problème domestique. On connaît la propension des Basques à faire des fêtes monumentales… Il en allait de même pour les barbecues du papa Alonso. Que faire de toute cette viande qu’il restait parfois sur les bras de la famille ?

Maitane, 19 ans, a donc bricolé une machine pour essayer de mieux conserver les aliments.

« J’ai fabriqué la première machine avec des choses que j’ai trouvées chez moi » confiait-elle à El Pais, « un morceau de store cassé, deux boîtes en plastique et reliant tout du mieux que j’ai pu avec les connaissances que j’acquiers. »

Son projet consistait à traiter l’air à l’intérieur d’un récipient au moyen de décharges électriques, afin que les molécules d’air elles-mêmes tuent les micro-organismes. A partir de là, elles augmentent de fait la durée de conservation des aliments.

Le gaspillage alimentaire

Un ingénieux bricolage qui est devenu un prototype qui a reçu d’innombrables prix, dont un à la prestigieuse université américaine du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Ce très sérieux honneur a valu à Maitane toute l’attention des plus grandes firmes. Même la NASA, qui accompagne dorénavant son projet, a vu en lui les révolutionnaires applications qu’il pourrait apporter.

C’est le temps du changement… et de l’action

Et comment ne pas laisser le mot de la fin à cette jeune femme de 19 ans, qui ne pourrait pas mieux résumer l’esprit de notre article…

« Ce que j’essaie toujours de transmettre aux gens, c’est que le temps du changement c’est maintenant. Et c’est aussi le temps d’agir. C’est entre nos mains de pouvoir changer et améliorer la situation de chacun. » Maitane Alonso, 2020.

Amen.

Sources : France Nature Environnement / The Optimist Daily / El Pais / Francetvinfo / 20 Minutes / Bretagne économique

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