Le collectif « Place aux piétons » vient de rendre les résultats de son premier baromètre des villes « marchables ». Et le premier constat qui s’impose, c’est qu’il y a encore du boulot pour le deuxième mode de déplacement le plus prisé des Français !
« Place aux piétons » dresse le premier baromètre des villes « marchables »
Si beaucoup de villes ont fait de gros efforts, ces dernières années, pour favoriser les modes de déplacements doux, avec la multiplication de pistes cyclables urbaines par exemple, qu’en est-il du deuxième mode de déplacement privilégié des Français : la marche !
En effet, si la voiture reste le mode de déplacement préféré de nos compatriotes, la marche vient juste après. Loin devant le vélo.
C’est pourquoi le collectif « Place aux piétons », composé de 3 associations de promotion de la marche, a choisi de se pencher sur la place que les villes laissaient à la marche.
Pour cela, « Place aux piétons » a proposé aux internautes de répondre, du 7 décembre 2020 au 15 mars 2021, à un questionnaire en ligne pour témoigner sur leur ressenti de piéton au sein de leur commune. Mais également pour livrer leur avis sur les points d’amélioration potentiels à apporter à la « marchabilité » de leurs villes.
L’objectif du collectif était de « pallier le manque d’informations concernant les besoins et les souhaits des piétons ». Mais aussi « d’interpeler les acteurs de la ville et de la mobilité pour une meilleure prise en compte de leurs attentes en complément des aménagements spécifiquement dédiés au vélo qui réduisent parfois la place du piéton ». Même si « Place aux piétons » se défend de s’attaquer à la place du vélo dans la ville. Au contraire, il ne peut qu’applaudir les efforts consentis pour les cyclistes, mais il serait temps maintenant de penser aussi aux piétons. Qu’ils le soient par nécessité (travail, courses, etc.), vulnérables (PMR, enfants, personnes âgées) ou de loisirs.
C’est pourquoi « Place aux piétons » a dressé le premier baromètre des villes « marchables » en se basant sur plus de 40.000 questionnaires complets. Un succès auquel ne s’attendait pas les organisateurs, et l’occasion de passer au crible plus de 200 villes de l’hexagone.
Les petites villes laissent la « Place aux piétons »…
Articulé sur plusieurs critères comme la sécurité, le confort, l’effort consenti par la ville et les aménagements de services, le collectif a ainsi pu mettre en place un système de niveaux allant d’Excellent (A) au Très défavorable (G).
De fait, le moins que l’on puisse dire, c’est que peu de grandes villes (+ de 50 000 habitants) réussissent à se hisser ne serait-ce qu’à un avis favorable. Ainsi, seules Vincennes (Val d’Oise) et Versailles (Yvelines) atteignent l’avis favorable en temps que grandes villes. Les autres sont généralement des petites villes ou des villes moyennes.
De même, on peut constater aussi que les départements de l’Ille-et-Vilaine et des Yvelines sont particulièrement honorés par 6 et 5 villes dans les 2 catégories d’excellence.
Parmi les villes les plus « marchables » de France, on notera donc Acigné (Ille-et-Vilaine) avec la meilleure note de ressenti global de 15,56. Elle devance Cesson-Sévigné (Ille-et-Vilaine) avec 14,60 et Gradignan (Gironde) avec 14,41. Magny-les-Hameaux (Yvelines) avec 14,06 et Sceaux (Hauts de Seine) avec 13,57 clôturant la catégorie d’avis de « très favorable à excellent ».
Il apparaît donc clairement que ce sont les petites et moyennes villes qui répondent le plus et le mieux aux besoins des piétons. Mais qu’en est-il de nos grandes villes ?
… alors que les grandes villes sont peu adaptées à la marche !
Si Rennes et Strasbourg s’en tirent honorablement avec un avis « plutôt favorable » (avec 10,45 et 10), Nantes, Lyon, Bordeaux, Nice et Paris sont taxés d’un « moyennement favorable ». Et que dire Lille et Montpellier à qui les piétons émettent un avis défavorable… quand Marseille partage avec Aubervilliers les deux seuls avis « très défavorables » du baromètre.
Qu’est-ce que cela signifie ? Que malgré le fait que certaines de ces villes ont fait un très gros effort pour développer les déplacements (tram, pistes cyclables), elles n’ont que peu travaillé en direction des piétons. De fait, elles sont difficilement « marchables ».
C’est pourquoi « Place aux piétons », qui veut se positionner comme un interlocuteur constructif, a demandé aux participants ce qu’ils souhaiteraient améliorer dans leur ville.
Que faire pour améliorer l’usage de la marche en ville ?
En premier lieu, les répondants plébiscitent des trottoirs plus larges et sécurisés, avec plus de 41%. Il s’agirait d’aménager des trottoirs bien entretenus et qui ne présenteraient pas d’obstacles à la marche comme les poteaux, les poubelles, les panneaux ou encore les terrasses.
De même, de nombreux piétons pensent qu’il serait bienvenu de réserver enfin les trottoirs aux seuls déplacements à pied (30%). Excluant de fait les vélos ou trottinettes qui sont censés employer les couloirs cyclables.
Aussi, une verbalisation plus sévère des stationnements de véhicules motorisés sur les passages piétons et les trottoirs (28%) pourrait libérer ces derniers et faciliter la marche.
Dans le même temps, il faudrait modérer la vitesse des véhicules automobiles sur les lieux fréquentés par les piétons (27%).
Enfin, les piétons souhaiteraient que les villes constituent un réseau complet de cheminement intra muros (25%), avec une gestion des points noirs de danger comme les ronds-points, par exemple.
Des solutions qui sont autant de points de réflexion pour améliorer la situation. Volonté première de « Place aux piétons » qui souhaitait surtout initier un dialogue sur la condition du piéton dans la ville. Les villes ont donc maintenant des interlocuteurs et une base de travail pour faire avancer les choses.
Après les efforts pour le vélo, place aux piétons !