Le jeune Tanitoluwa Adewumi, qui a fui avec ses parents le Nigeria et Boko Haram en 2017, est devenu maître national d’échecs des États-Unis en remportant un championnat national majeur. À seulement 10 ans et 3 ans après s’être ouvert à la discipline. Un destin digne des meilleurs scénarios du « rêve américain ».
Tanitoluwa Adewumi, de réfugié nigérian à précoce maître d’échecs américain
C’est évidemment une magnifique histoire que celle que l’on va vous raconter aujourd’hui. Une « success story » digne des meilleurs scénarios hollywoodiens, vantant l’accomplissement du rêve américain. Dont on ne parlait plus guère ces dernières années…
C’est l’histoire et le destin de la famille Adewumi, et plus particulièrement de son plus jeune fils, Tanitoluwa.
Nous sommes en 2017, au Nigeria, et les Adewumi ont tout pour être heureux. Kayode, le papa, est PDG d’une grande société. Oluwatoyin, la maman, travaille avec succès dans le milieu bancaire. Ils ont tout, et ils vont tout perdre quand les djihadistes de Boko Haram vont commencer à s’en prendre aux familles chrétiennes, comme la leur. Obligés de fuir précipitamment le pays, ils traversent l’Océan Atlantique et se retrouvent dans un refuge pour sans-abri de Manhattan, à New York.
Contraints de repartir de zéro, Kayode enchaîne les petits boulots avant de se lancer dans l’immobilier. Quand Oluwatoyin doit abandonner son expérience bancaire pour faire des ménages.
Les enfants, quant à eux, intègrent une école primaire du quartier grâce à l’intervention d’un pasteur local. C’est là que Tanitoluwa, surnommé « Tani », découvre les échecs grâce à l’initiative d’un de ses professeurs, Russell Makofsky. Une révélation pour le petit Tani qui, bien que n’ayant pas les moyens de payer les frais d’entrée, se voit accueilli gracieusement au club d’échecs par Makofsky.
Un an après ses débuts, Tani remporte son premier tournoi
Désormais obsédé par le jeu, Tani passe son temps à déplacer les pièces, à apprendre les stratégies, les mouvements.
Aussi, et comme il le confiait à France Info, « ça demande une profonde réflexion, il y a beaucoup de choses à assimiler ».
Quant à Russel Makofsky, il détecte immédiatement le potentiel du jeune garçon et loue « son intelligence et ses capacités d’apprentissage hors norme ».
Ainsi, un an après avoir commencer les échecs, il remporte le championnat d’échecs de l’État de New-York après avoir battu 73 joueurs de son âge. Les meilleurs de tout l’État, hyper-entraînés et le plus souvent issus des écoles privées les plus huppées. Une leçon qui laisse son entraîneur pantois : « Commencer juste à jouer et battre les meilleurs en un an, c’est du jamais-vu, et tout ça en vivant dans un foyer pour sans-abri ».
Tani et ses trophées, suite à sa victoire au championnat national le 2 mai.
De fait, son histoire et sa situation, largement relayées outre-Atlantique et plus particulièrement par Nicholas Kristof du New York Times, commencent à émouvoir. Et c’est dans un élan de solidarité que des collectes de fonds sont organisées pour offrir au jeune prodige et à sa famille de meilleures conditions de vie.
Tani et le rêve américain
La somme récoltée permet à la famille Adewumi de quitter le refuge pour enfin trouver son « Home Sweet Home ». Mais ils ne se replient pas pour autant sur leur bonne (et nouvelle) étoile et, profitant d’une partie de la somme récoltée, Kayode et Olawutoyin créent la Fondation Tanitoluwa Adewumi au slogan évocateur : « Partager avec ceux qui en ont besoin ». Une organisation à but non lucratif qui aide les enfants à « atteindre l’excellence en apprenant le jeu d’échecs » et en soutenant financièrement les familles et les enfants qui n’ont pas les moyens de le faire.
Le 2 mai 2021, Tani Adewumi remportait le championnat national et devenait officiellement à 10 ans « maître d’échecs national de niveau 5″.
Une histoire inspirante et jouissive, qui a permis au jeune Tanitoluwa de rencontrer (et de battre à plates coutures) plusieurs grands de ce monde, donnant à son histoire et à sa trajectoire un retentissement plus grand encore.
Tani et l’ancien président Bill Clinton, qu’il avoue avoir battu « plusieurs fois » !
En réalité, le parcours des Adewumi est aussi l’évocation vibrante d’un rêve américain qu’on croyait suranné et terni depuis plusieurs années. Un rêve devenu réalité à force de travail, d’efforts et de sacrifices pour la famille Adewumi.
Bref, un scénario riche et plein de rebondissements qui trouvera sûrement sa place sur les grands écrans du monde entier dans peu de temps. Il se murmure d’ailleurs que Trevor Noah, l’iconique animateur sud-africain du « Daily Show », l’une des émissions télévisées les plus populaires aux États-Unis, aurait déjà enclenché la production d’un film…